Plante magique, toujours verte, fleurissant en début d’automne, le lierre est-il un ami ou un ennemi ?
Hedera helix doit son nom scientifique au latin Haedere = “attacher” et Helix = “spirale”. Il rappelle que le lierre est une plante grimpante qui utilise les arbres comme support pour s’élever sans les parasiter. Il utilise des crampons pour se fixer, s’attacher, mais ses racines sont en terre, les paysans le savent bien puisqu’en coupant une tige de lierre le long d’un arbre, la partie supérieure meure puisqu’elle n’est plus alimentée.
C’est une plante persistante, c’est à dire qu’elle garde ses feuilles toute l’année, apportant abri et protection aux animaux qui peuvent nicher ou hiverner sous son feuillage. Le lierre apporte aussi de la nourriture à des saisons peu fructueuses habituellement puisqu’il fleurit en début d’automne, fournissant pollen et nectar à de nombreux insectes, et fructifie en hiver, nourrissant de nombreux oiseaux. En fait il est en végétation au moment où son support perd ses feuilles et lui permet de faire de la photosynthèse.
Une des raisons qui pousse à croire que le lierre est un « tueur » c’est que lorsqu’un arbre meurt, le lierre, présent sur son tronc mais maintenu en dessous de la canopée par le feuillage de l’arbre support, se développe rapidement et sans limite, recréant un houppier bien vert. Et quand on voit celà on se dit : le lierre a étouffé l’arbre sur lequel il poussait alors que c’est lui qui était « étouffé » par l’absence de lumière sous le feuillage de l’arbre en été. L’arbre et le lierre partagent en fait le même espace dans le temps, le premier utilisant l’eau et la lumière au printemps et été, le deuxième prenant le relais en automne et en hiver.
Des études récentes montrent même que les arbres qui abritent du lierre ont une meilleure croissance que les autres. Le feuillage du lierre protège le tronc de l’arbre du gel et des excès de chaleur. Il abrite une nombreuse faune, comportant des auxiliaires pour la défense contre les parasites de son hôte. Les fleurs fournissent pollen et nectar à de nombreux insectes de jour comme de nuit, assurant ainsi un garde-manger aux chauves-souris qui ne s’y trompent pas ! Les forestiers évoluent et le préserve pour le bien de leur productivité.
Les tiges rampantes sur le sol émettent, au niveau des nœuds, des racines adventives qui permettent à la plante de se multiplier. En grimpant la plante émet des crampons fixateurs terminés de ventouses tout le long de sa tige, c’est pourquoi il est difficle de décrocher le lierre qui est bien arrimé ! Quand il pousse sur un mur, si l’enduit est en bon état il ne causera pas de dégâts. Par contre si il y a des fissures il peut se glisser et s’enraciner ou emporter un enduit dégradé voire le mur, du fait de son poids qui peut devenir important. Comme pour les arbres, il protège les murs des effets de la pluie, protégeant les ruines par exemple et crée un microt climat autour de la maison. Il faut le contrôler pour ne pas le laisser envahir gouttières et toitures, ni prendre trop de volume.
En France, une seule espèce existe : Hedera helix, le lierre ou lierre grimpant. Une petite dizaine d’espèces existent dans le monde. C’est le seul représentant de la famille des Araliacées en région tempérée. Dans le reste du monde la famille comprend une cinquantaine de genres, depuis l’Aralia, connue comme plante ornementale au Ginseng, plante médicinale bien connue.
Le lierre bien que ses fruits soient très toxiques est une plante médicinale très réputée depuis l’antiquité. Egyptiens, grecs, romains, celtes connaissaient ses principales vertus et ses limites. C’est une plante « magique » pour les gaulois. La toxicité est reconnue mais à quel degré ? difficile de le savoir. La prudence pour l’usage interne s’impose malgré ses usages connus contre la toux ou pour ses effets purgatifs ou sédatifs, calmants de la douleur. En usage externe, la plante est connue pour lutter contre la cellulite avec des emplâtres ou des décoctions de feuilles.
Les noms français, sources de confusion, le prouvent encore une fois avec le lierre. Une autre plante, excellente aussi pour soigner la toux, le lierre terrestre, est de la famille des labiées (menthe, thym, sariette…) : Glechoma hederacea, Gléchome à feuilles de lierre, ses feuilles ressemblant vaguement aux feuilles du lierre quand il rampe sur le sol, mais c’est une plante herbacée qui fleurit au printemps avec des fleurs violettes en grappes sur des tiges de 5 à 25 cm de haut. Hedera helix ne fleurit pas au sol mais uniquement quand il grimpe. Ses fleurs sont petites, jaunes verdâtres, globuleuses, ont 5 étamines. Le fruit est une baie charnue contenant 3 à 5 graines protégées par un noyau mince.